NEWSLETTER
À paraître

Les Fleurs du mal Illustrées par Henri Matisse

Acheter votre format
Commander45,00 €
À travers une sélection de poèmes de Baudelaire, illustrés par Matisse, ce fac-similé grand format rend hommage au peintre et au poète.
En août 1943, Henri Matisse vit a Vence où il écrit à Aragon qui attend ses illustrations pour Les Fleurs du mal – commande qu’une société bibliophile lui a passée il y a près de quinze ans, sans cesse reportée. Le peintre, affaibli par une maladie qui a bien failli l’emporter, affecté par la défaite, mais résolu à ne pas « déserter » et à rester en France, évoque sa villa entourée d’une végétation tahitienne, elle lui rappelle « La Géante de Baudelaire », dont sa lettre cite deux vers : « Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins, / Comme un hameau paisible au pied d’une montagne. »
 
Luxe, calme et volupté, Matisse connaît bien l’œuvre de Charles Baudelaire qui, en 1944, année où l’illustre enfin, est pourtant, théoriquement, encore frappée de censure. Il a traduit la puissance hallucinatoire de L’Invitation au voyage en peinture en 1905, dans son langage déjà fauve, méditerranéen, il le cite fréquemment dans ses lettres. Il a été attentif aux précédentes éditions illustrées. Il ne croit pas dans l’illustration « imitatrice », « le peintre et l’écrivain doivent agir ensemble, parallèlement ».
 
En choisissant lui-même les poèmes de cette édition, Matisse livre sa vision des Fleurs du mal, rayonnante de l’érotisme et de la créolité que le peintre et le poète partagent. C’est une nouvelle lecture du Baudelaire assigné par sa condamnation au décadentisme. Avec une audace mûrie, Matisse l’illustre de trente-quatre « têtes d’expression » alternativement graves, rieuses ou félines, selon la teneur des textes avec lesquels elles entrent en résonance. Le livre n’offre que des visages, suffisamment variés pour embrasser la géographie intime de cette poésie voyageuse. Matisse parvient à faire vivre le lexique mouvant des yeux, des bouches, et des nez, des chevelures en accord parfait avec les poèmes, agrémentés de lettrines de sa main et de culs-de-lampe enroulés sur le souvenir de Tahiti, l’amour de la calligraphie arabe et le rappel, ici et là, du symbole que les Grecs donnaient à l’infini.
 
L’ouvrage reproduit l’édition de 1947, voulue par Aragon. Il est accompagné d’un texte de présentation où Stéphane Guégan donne la pleine mesure de cette rencontre unique.
 
« Que j’aime voir, chère indolente
De ton corps si beau
Comme une étoile vacillante,
Miroiter la peau !
 
Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns.
 
Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain. »
 
L’auteur –
Stéphane Guégan historien et critique d’art, spécialiste des XIXe et XXe siècles, conseiller scientifique auprès de la présidence du musée d’Orsay, est l’auteur de nombreux ouvrages dont une biographie primée de Théophile Gautier (Gallimard, 2011), Baudelaire. L’Art contre l’Ennui (Flammarion, 2021), et Caillebotte. Peintre des extrêmes (Hazan, 2021, primé par l’Académie française et le Syndicat national des antiquaires). Il a été commissaire de plusieurs expositions, dont « Le Modèle noir. De Géricault à Matisse » (musée d’Orsay, 2019) et « Manet/Degas » (musée d’Orsay, 2023).